- Type d'objet
- chasuble
- Lieu de production
- anciens Pays-Bas
- Période de création
- 2e moitié du XVe siècle / 1re moitié du XVIe siècle
- Techniques de la broderie
- broderie de rapport, couchure, couchure à effet de bâtons rompus, gaufrure, guipure, passé empiétant, point de Boulogne, point d’Orient, point fendu
- Dimensions
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objet (dos) : h. 113,2 cm ; la. 80,6 cm
objet (devant) : h. 103 cm ; la. 79 cm
orfroi (croix, dos) : h. 108,6 cm ; la. (traverse) 50 cm ; la. (pied) 17,5 cm
orfroi (colonne, devant) : h. 80,9 cm ; la. 18,5 cm
galon : la. 1,2 cm
- Lieu de conservation
- Hauts-de-France, Somme, Rue, église Saint-Wulphy
Notice
Ces deux orfrois de chasuble sont ornés à la croisée du dos d'une Crucifixion surmontée de Dieu le Père tenant l'Orbe crucigère, d'une Marie-Madeleine, identifiable à son pot d'onguent, et d'un saint Jean-Baptiste vêtu d'une peau de chameau désignant l'agneau. Sur la colonne de devant, on identifie à leurs attributs saint Jean tenant le calice avec le serpent, sainte Marguerite sortant du dragon et saint Pierre avec sa clef. Réappliqués à une date inconnue sur un fond de velours rouge, qui ne peut être antérieur au XIXe siècle, ils ont été partiellement rebrodés et agrémentés d'une passementerie datant de l'époque du remontage. La forme redentée de la croix, dite « à la française », ne semble pas d'origine tandis que trois des scènes ont été amputées afin de s'adapter à la nouvelle coupe du vêtement : la partie supérieure de la Crucifixion et celles inférieures du saint Jean-Baptiste et du saint Pierre.
Une production des anciens Pays-Bas
Les canons des figures sont empreints de références à l'art des peintres des anciens Pays-Bas de la première moitié du XVe siècle, - le maître de Flemalle, identifié à Robert Campin, et Jan Van Eyck en particulier -, tandis que plusieurs motifs invitent à attribuer ces orfrois à un atelier de brodeurs actifs dans la région au tournant du XVIe siècle. C'est le cas des fonds en couchure or à effet de bâtons rompus, des voûtes aux clefs pendantes, des parois percées de baies, des sols en damier en perspective et des dais architecturés dans lesquels sont inscrits les saints personnages, que l'on peut rapprocher de ceux des ornements sacerdotaux d'Aymon de Montfalcon, datés vers 1500 et conservés au musée historique de Berne (Stauffer 2001).
Le témoin d'une production sérielle d'ornements liturgiques à la fin du Moyen Âge
Bien que des matériaux précieux soient entrés dans leur confection, ces broderies relèvent d'une production sérielle d'ornements liturgiques dans laquelle les figures étaient réalisées à part sur toile, avant d'être rapportées sur les bandes d'orfroi où elles étaient associées aux architectures et aux fonds d'or. Exécutés en plusieurs exemplaires à l'aide de poncifs, certains de ces éléments étaient créés à l'avance puis intégrés dans un second temps à l'ornement. Ces techniques, qui permettaient de répartir le travail entre des artisans aux compétences diverses, se sont développées en Occident à partir des années 1400 pour répondre à une demande croissante d'ornements liturgiques. Les orfrois de la chasuble de Rue sont le témoin de cette évolution de l'industrie de la broderie au XVe siècle.
Astrid Castres
Pontroué, Pierre-Marie (dir.), Trésors en pays de Somme. Art religieux XIIe-XXe, catalogue de l'exposition [Saint-Riquier, musée départemental de l'abbaye, 7 juin-16 novembre 1997], s. l., conservation départementale des antiquités et objets d'art/conseil général de la Somme, 1997, n° 120, p. 60.
Pontroué, Pierre-Marie, Hairy, Hugues et Michaud, Lionel, Richesses cachées de nos églises. Patrimoine religieux du Ponthieu-Marquenterre, catalogue de l'exposition [musée départemental de l'abbaye de Saint-Riquier, 2 juin-2 septembre 1990], s. l., CAOA de la Somme/musée départemental de l'Abbaye de Saint-Riquier/Conseil général de la Somme, 1990, n° 38.